En 2024, c’est le scandale quand une municipalité décide de supprimer quelques arbres ; aussitôt se crée un comité de défense.
En 1936, boulevard Kerguélen à Quimper, le journal « La Dépêche » titre : C’est le massacre. Dix-sept marronniers sont déjà à terre et la fête continue. Où va s’arrêter ce sacrilège ?
Telle une rangée de quilles, les beaux marronniers aux fleurs roses qui font la gloire de Quimper tombent l’un après l’autre. Devant la poste, une trentaine de beaux arbres sont condamnés à mort, alors que certains sont encore jeunes.
Boulevard Kerguélen, devant la poste, les marronniers avant le massacre
Le syndicat d’initiative de Cornouaille écrit au maire avec copie à l’administration des Ponts et Chaussées, propriétaire de ces arbres. Celle-ci se défend. Selon son ingénieur en chef, ces arbres plantés en grande partie en 1860 n’ont plus la vigueur nécessaire et les chutes de branches se multiplient, pouvant occasionner des accidents. De plus, M. X, riverain du boulevard, se plaint que les branches tombant vers l’Odet assombrissent son immeuble.
L’ingénieur préconise l’abattage des arbres les plus vieux et les plus dangereux, soit les 2/3, avant de les remplacer par de jeunes plants.
L’administration, sans doute embarrassée par des protestations de plus en plus véhémentes, requiert l’avis du service des Eaux et Forêts. Un inspecteur lorientais se déplace et conclut à un abattage général. L’histoire ne précise pas si, craignant des mouvements d’humeur, il est reparti bien vite à Lorient après ce jugement péremptoire.
Rien n’y fait. Les Quimpérois protestent, se lamentent. Selon eux, les marronniers n’ont jamais été aussi beaux. Leurs feuillages sont épais et leurs fleurs sont vigoureuses.
Et où vont se promener désormais les vieux habitants habitués à l’ombrage de ces arbres ? Ils ne seront plus de ce monde lorsque les nouveaux arbres auront atteint une taille respectable.
À force d’être désembellie, Quimper va devenir la grimace de la banalité la plus complète. Selon « La Dépêche », la réprobation est unanime et la commission départementale des sites demande qu’une enquête administrative établisse les responsabilités. Les coupables doivent être punis !
Certes, mais il est trop tard et les quelques arbres miraculeusement sauvés de l’abattage sauvage sont si mutilés qu’ils s’apparentent à leurs malheureux frères dans la zone de feu 1914-1918. La comparaison est osée !
Boulevard Kerguélen. Après le massacre et la plantation de nouveaux arbres
Les commerçants se lamentent. Que vont penser les nombreux touristes, venus en France pour l’exposition universelle de 1937 ? Les fêtes régionalistes auront moins de succès, alors que l’on attend tous les salariés qui, grâce au Front populaire, ont maintenant droit aux congés payés.
Le président du Syndicat d’initiative de Cornouaille conclut : Après cette mutilation, il manquera à Quimper la plus belle moitié d’un éblouissant diadème dont l’éclat rejaillissait sur l’ensemble de notre cité ʺsourire de la Bretagne‶.
Pierrick
Source : Archives départementales du Finistère. Fonds Savina. 45 J 61.
C'est toujours la même chose. Quand on décide d'abattre des arbres pour un projet urbanistique, on dit qu'ils sont malades... "Qui veut abattre son chien, dit qu'il a la rage". Les mêmes qui ont abattu les arbres sur les quais parce qu'ils sont "malades" ont discrètement abattu (vers 2014) tous les arbres (sains) du parc Massé Trévidy de la maison de retraite du même nom, pour remodeler le parking "végétalisé" de la Providence... (700 places supprimées, et mise en payant...) https://www.quimper.bzh/actualite/31131/3-quais-de-l-odet-coupe-d-arbres-malades-et-nouvelles-vegetalisations.htm
Je suis passé à Quimper l'été dernier (2023) et j'ai le souvenir de beaux arbres fournis le long de l'Odet ;Est-ce que ce sont ceux qui ont été replantés ??
Presque 100 ans après, c'est toujours le même soucis; il y en a qui se permettent de prendre des dispositions sans consulter les populations, navrant!!!!
Mais aujourd'hui, heureusement quelques uns se battent pour éviter ces désastres!!!!!🤣
de mon enfance, je ne me souviens pas de grands arbres le long de l'Odet, en face du bâtiment des PTT. D'ailleurs, y en a-t-il à nouveau ?
Je suis passée rapidement, à Quimper, la dernière fois en 2020. Je reviens vite.
Je veux vérifier rapidement de mes propres yeux.
Jos Parker a dû se retourner dans sa tombe ! Les mentalités ont bien évolué pour le coup.