Quimper. Nuit du 17 au 18 juin 1762 : un violent incendie détruit des maisons place St Corentin et au début de la rue Kéréon (d’où le non-alignement que l’on voit de nos jours).
Le feu aurait pris dans une boutique qui contenait du sucre, du soufre, de la résine, de l’huile, de la cire et des planches de sapin.
Une autre version : Le sieur Simonet avait enfermé par mégarde dans une armoire de sapin un pot plein de charbons ardents pour sécher du sucre, (très probablement sauvé d'un pillage d'épaves).
Par un temps chaud et sec, le feu a pris de l’ampleur dans ces maisons en bois.
Au son du tocsin, on accourt. Les pompes à incendie sont actionnées par les 3 (oui, 3 !) pompiers et 200 seaux en cuir… Moyens dérisoires !
L’historien Jean Savina écrit que les pompiers étaient les pères capucins. C’était, paraît-il, la règle dans les villes où existaient des communautés de cet ordre.
La rivière Odet est loin et une chaine humaine se forme pour chercher de l’eau et tenter l’impossible.
Un major du régiment du Berry se précipite en caleçon pour chercher dans la cathédrale voisine une échelle. Mais elle ne sert à rien, la maison qui contenait la caisse du régiment s’étant effondrée.
Dans une autre maison, celle de la famille Laroque, toutes les archives des greffes des Regaires et du Présidial (tribunal) sont détruites. Ce fut une perte irréparable pour l’histoire de Quimper.
Les archives brûlent encore le 1er juillet, 12 jours après le début de l'incendie.
9 maisons furent détruites et 6 très endommagées.
Les sinistrés furent souvent ruinés, les gens assurés étant rares. Les victimes furent exonérées de la capitation (impôt) pendant 10 ans.
La communauté de ville établit ensuite un premier plan d’alignement des rues de la ville.
Illustration : le début de la rue Kéréon, vu depuis la place St Corentin. Sur la droite au fond, on voit le pignon d'une maison (Le DUC, habille bien et pas cher)). On peut être surpris par ce décrochage. Explication : le feu de 1762 s'est arrêté à ce niveau.
Pierrick.
Très intéressant de se remémorer cet incendie. Il me semble que cet épisode et ses conséquences sur la configuration actuelle de la rue sont mal connus des quimpérois?
Merci à Colette Boulard pour le complément d'informations.
Le fait que la rue Kéréon ne débouche pas en face du portail de la cathédrale m'a toujours semblé bizarre; son tracé était-il antérieur? Heureusement que personne n'a eu l'idée de faire table rase de tout un pâté de maisons pour y remédier (la géométrie et la symétrie n'étant d'ailleurs forcément garantes de beauté).
Cela ressemble à l'incendie du centre de Rennes qui fut encore plus important mais dont les reconstructions ressemblent bien et dont nous héritons maintenant.
Et si je rajoute par le fait que l'avis émis est un "avis simple", que l'autorité ayant pouvoir de retenir ou non l'avis, est souvent encline à ne pas retenir le pourtant judicieux conseil, vous comprenez qu'il est difficile de sauvegarder ce qui en vaudrait la peine. Tout ça car parfois, comme un maire me l'a dit un jour en parlant de lui-même "le maire veut être maître chez lui". ça ne vous rappelle pas quelqu'un ?😀
Bon, j'exagère un peu. La citation est hélas vraie, mais le motif le plus fréquent reste l'insensibilité, l'ignorance (têtue), le refus de principe.
Des projets d'alignement puis des plans d'alignement furent établis dans les coeurs de ville anciens afin d'élargir les rues, et ce pour diverses raisons : améliorer la circulation des véhicules et charrois, faire rentrer la lumière dans les maisons, rejeter les rues tortueuses comme passé révolu, éviter ou du moins limiter les contaminations par incendie... A la lecture de votre article et allant faire un tour sur street view, j'ai constaté que, dans ce tronçon et de ce côté de la rue Kerléon, il n'y a plus que deux maisons à pans de bois, les deux survivantes, dont le pignon de la première se voit sur la photo que vous avez mise illustrant l'article. Chacun peut se questionner , partou…